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Cadre d’intervention en érosion et submersion côtières
Les changements climatiques se vivent et se ressentent sur l’ensemble de la planète. Les Îles-de-la-Madeleine n’y échappent pas : elles sont aux premières loges des changements climatiques et les vivent de façon plutôt accélérée en raison, entre autres, de leur localisation au milieu du golfe du Saint-Laurent, de leur proximité avec l’océan Atlantique et des forts taux d’enfoncement de la croûte terrestre, qui sont les plus marqués au Québec et dans les provinces atlantiques. Si la majorité des communautés de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent connaîtront une hausse du niveau de la mer inférieure à la moyenne mondiale, la hausse prévue pour les Îles-de-la-Madeleine sera supérieure.
Le 17 septembre dernier, la Communauté maritime des Îles-de-la-Madeleine (CMÎM) présentait donc à la population son Cadre d’intervention en érosion et submersion côtières. Rappelons qu’en 2020, la CMÎM recevait un soutien financier pour se doter d’un outil afin d’identifier les secteurs les plus vulnérables à l’érosion et à la submersion, prioriser les interventions, proposer des pistes de solutions potentielles et estimer sommairement les coûts. C’est dans ce contexte qu’a été élaboré le Cadre d’intervention en érosion et submersion côtières, premier outil du genre au Québec, déposé en septembre 2023 au gouvernement du Québec.
Le cadre en quelques chiffres :
- 31 secteurs priorisés
- 44 besoins identifiés
- 11 critères d’analyse
- 40 collaborateurs
- 12 mois de travail
- 80 documents de référence
Analyse multicritère
Afin d’identifier les secteurs les plus vulnérables, la CMÎM a élaboré une grille d’analyse multicritère, basée sur la méthodologie du projet Résilience côtière de l’Université du Québec à Rimouski, mais adaptée au territoire des Îles-de-la-Madeleine. Une analyse multicritère est un outil d’aide à la décision qui permet de comparer et de combiner différents paramètres afin de prendre de meilleures décisions prenant en compte différents éléments. Un total de 11 critères a été retenu et travaillé par l’équipe municipale et par les membres de la Commission permanente sur l’érosion et la submersion côtières, responsables d’émettre des recommandations aux élus. La pondération, c’est-à-dire le « poids » de chaque critère, est le résultat d’exercices individuels et en groupe, de discussions et d’un consensus des membres de la Commission.
Les critères et la pondération ont été déterminés par les commissaires, sans connaître les secteurs, pour assurer la neutralité et l’objectivité de la démarche.
Critères :
- Nombre d’habitants exposés : 10 %
- Population vulnérable : 12 %
- Usages sociaux, récréotouristiques, patrimoniaux : 6 %
- Nombre d’employés dans les entreprises : 6 %
- Longueur et types de réseau d’infrastructures : 8 %
- Niveau d’impact de la rupture du réseau routier : 13 %
- Valeur des actifs dans le segment : 7 %
- Risques pour l’environnement : 7 %
- Enjeux écosystémiques et valeur écologique : 8 %
- Sensibilité de la côte à l’érosion et à la submersion : 21 %
- Imminence de danger – distance de la côte : 2 %
Indice de vulnérabilité
Au total, 31 secteurs ont été retenus pour l’analyse multicritère. Ce choix est basé sur une révision complète actualisée du territoire, sur la validation de partenaires, sur des visites terrain et sur plusieurs documents de référence :
- Plan directeur d’intervention en érosion des berges (Municipalité des Îles, 2010);
- Étude sur l’exposition des bâtiments et des routes à l’érosion côtière (UQAR, 2014);
- Analyse coûts-avantages des options d’adaptation en zone côtière aux Îles (Ouranos, 2016);
- Priorisation des sites de la Commission permanente (2017).
Les 31 secteurs conservés pour l’analyse sont soit des zones :
- où la CMÎM possède des infrastructures publiques;
- où se situent des entreprises d’importance liées aux deux économies principales;
- qui présentent un enjeu majeur pour le territoire, d’un point de vue collectif. À noter que ceux en gris sont déjà réalisés ou financés.
Et la suite?
Ce n’est qu’en mai dernier que la CMÎM a eu un retour du gouvernement. Bien que ce dernier reconnaisse le travail effectué et l’importance d’un tel outil d’aide à la décision pour une communauté comme la nôtre, il n’y aura pas d’aide financière spécifique au Cadre d’intervention, puisqu’entre temps, d’importants programmes ont été déployés pour aider les municipalités et les MRC du Québec à faire face aux changements climatiques. Notons toutefois que l’élaboration du Cadre d’intervention nous place en avance par rapport à d’autres MRC. En effet, sur 120 MRC au Québec, seules 10 MRC sont éligibles à déposer une programmation de projets dès cet automne au programme Accélérer la transition climatique locale (ATCL), permettant de financer, entre autres, des projets en érosion et submersion côtières.
Sur un total de 120 MRC, nous sommes la seule MRC côtière parmi les 10 MRC autorisées à déposer une programmation de projets cet automne!
La CMÎM pourra donc déposer des projets en lien avec les secteurs vulnérables et les actions inscrites au Cadre d’intervention, qui pourraient être financés à 90 % grâce à la reconnaissance du statut sur l’insularité. C’est une opportunité exceptionnelle à saisir, qui vient réitérer l’importance de la démarche et reconnaître le travail accompli par la CMÎM et les partenaires.
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